Elle était l'eau qui dort et ne s'en était pas méfiée.

Chronique des mondes intérieurs #1 

Dans un monde sans échos

Elle était l’eau 

au creux d’une obscurité profonde, où on croisait parfois des ombres sans regard.

Une eau croupie sur laquelle flottait une perle semblable à une île déserte.

On raconte que ce jour-là, il a suffi d’une seconde, pour qu’un bruit violent déclenche la vague qui a englouti comme un ventre affamé l’ancien monde, laissant sur son passage des entrailles vides comme une maison hantée

et cette perle.

La perle ondulait sur son tapis liquide donnant au loin l’illusion d’une flamme dans un ciel sans étoile. On croyait à une malédiction sans fin, alors que chaque nouveau jour, au fil de ses mouvements, la perle finit par ouvrir une brèche 

qui brisa l’obscurité. 

À la lueur du jour, au creux de son bassin, la perle sentit en son coeur le souffle d’une tempête hurler, comme un animal fougueux. 

C’était son coeur vibrant sous les battements d’un cheval qui court.



Un pas après l’autre, nourrie d’eau et de lumière, 

la perle s’étira 

en un monde dont elle ignorait être la gardienne. 

Ce monde se réveilla au rythme de milliers de chevaux dans une course au soleil.

Dans un bruit ce jour-là , des entrailles, un univers avait fleuri

à nouveau. 

Elle était l'eau qui dort

Elle était l’eau qui dort – dans laquelle un jour, la vie s’embrasa – et ne s’en était pas doutée. 

Elle était l’eau qui hébergeait la vie; une perle précieuse qui offrait au monde ses couleurs en trésor.

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